Meta annonce que ses intelligences artificielles utiliseront dès le mois prochain les données publiques publiées sur Facebook, Instagram et Threads. Il ne vous reste que quelques semaines pour vous y opposer. Coup d’Oeil vous donne la marche à suivre et les enjeux majeurs liés à cette décision !

Meta veut exploiter vos données publiques pour entraîner ses intelligences artificielles
À partir du mois de juin 2025, Meta, maison mère de Facebook, Instagram, Threads, Messenger et WhatsApp, commencera à entraîner ses modèles d’intelligence artificielle en s’appuyant sur vos contenus publics publiés sur ses plateformes. Il s’agit notamment des photos, vidéos, légendes, commentaires et interactions que vous avez partagés sans restrictions de confidentialité depuis la création de votre compte.
Cette collecte concerne l’ensemble des publications publiques, y compris celles datant des débuts de Facebook en 2004. Si les messages privés et les profils de mineurs sont exclus de cette utilisation, les inquiétudes restent vives. Certains experts alertent sur la difficulté de filtrer efficacement des contenus sensibles rendus publics par erreur ou négligence.
Meta justifie cette initiative par son « intérêt légitime », une notion encadrée par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). En pratique, cela signifie que la collecte est considérée comme légale par défaut, sauf si l’utilisateur s’y oppose explicitement.
Pourquoi Meta mise tout sur l’IA générative et vos données personnelles
L’utilisation de contenus publics a deux objectifs stratégiques pour Meta :
- Améliorer la performance de ses IA en les exposant à une vaste diversité de langages, d’images et de comportements humains.
- Affiner la publicité ciblée en analysant les tendances sociales, les centres d’intérêt ou les événements locaux, afin de vendre aux annonceurs des outils de marketing ultra personnalisés.
Avec le développement de modèles comme Llama 4, déjà salués pour leur qualité, Meta entend rivaliser avec les géants que sont OpenAI et Google. L’entreprise veut transformer ses plateformes en de véritables assistants virtuels, capables de générer des réponses intelligentes dans Messenger ou Threads, mais aussi de filtrer et d’indexer le contenu de façon plus poussée.
Les risques d’une utilisation massive de vos données en ligne
Si l’intention de Meta semble claire, les risques associés à cette stratégie le sont tout autant. En utilisant des publications anciennes, l’IA de Meta pourrait faire remonter des informations oubliées, parfois sensibles :
- Des opinions politiques exprimées il y a dix ou quinze ans
- Des photos personnelles aujourd’hui jugées gênantes
- Des commentaires publics sur un ancien employeur
Une IA alimentée par l’historique numérique complet d’un utilisateur pourrait devenir une base de données ultra-précise, accessible pour créer des profils comportementaux ou sociaux. Si certaines données ont été partagées volontairement, le contexte a souvent changé depuis. Et une fois entraînée, l’IA conserve la mémoire de ces contenus, même si vous les supprimez a posteriori.
Comment empêcher Meta d’utiliser vos données dans ses IA : le guide complet
Heureusement, si vous résidez dans l’Union européenne, vous avez encore la possibilité de vous opposer à cette collecte jusqu’au 27 mai 2025. Meta propose un formulaire à remplir en ligne, bien caché dans les menus, mais accessible à tous.
Voici les étapes détaillées à suivre pour faire valoir votre droit :
- Connectez-vous à votre compte Facebook ou Instagram depuis un navigateur web (ordinateur recommandé).
- Rendez-vous dans les paramètres de votre compte puis cliquez sur « Centre de confidentialité ».
- Dans la rubrique dédiée à l’intelligence artificielle, sélectionnez l’option « S’opposer ».
- Vérifiez que votre adresse e-mail est correcte (c’est via cette adresse que vous recevrez la confirmation).
- Ajoutez, si vous le souhaitez, un commentaire expliquant pourquoi vous refusez l’utilisation de vos données.
- Cliquez sur « Envoyer » et conservez soigneusement l’e-mail de confirmation.
Lien direct vers le formulaire : https://www.facebook.com/help/contact/6359191084165019
Quelles données Meta ne peut pas utiliser ?
Meta précise que certaines informations resteront exclues de l’entraînement de ses modèles :
- Les messages privés échangés sur Messenger ou WhatsApp
- Les profils identifiés comme appartenant à des mineurs
- Les publications visibles uniquement par vos amis ou un cercle restreint
En revanche, toute information laissée en mode public, même accidentellement, est susceptible d’être aspirée par les algorithmes. Cela comprend aussi les contenus que vous avez vous-même oubliés mais qui existent toujours sur vos profils.
Agissez maintenant ! Le 28 mai, il sera trop tard…
Attendre revient à donner son accord tacite. Une fois le 28 mai 2025 passé, Meta pourra utiliser l’ensemble des données publiques de votre compte pour nourrir ses IA. Même si vous changez vos paramètres de confidentialité après cette date, les contenus antérieurs pourraient déjà être exploités.
Il ne s’agit pas uniquement de défendre votre vie privée, mais aussi de vous protéger contre des usages futurs potentiellement imprévus : fichage politique, censure automatisée, publicité émotionnelle ciblée ou encore exploitation commerciale de vos créations originales.
Agir maintenant permet de conserver un minimum de contrôle sur l’utilisation de vos données en ligne.
Une décision controversée dans un cadre légal incertain
Le recours par Meta à la notion « d’intérêt légitime » soulève de nombreuses objections, notamment en Europe. Plusieurs autorités de protection des données, dont la CNIL en France, surveillent de près cette évolution. Des recours juridiques sont en préparation pour contester la compatibilité de cette stratégie avec le RGPD.
Pour le moment, la seule protection efficace reste la mobilisation individuelle. En remplissant le formulaire avant le 27 mai, vous notifiez clairement à Meta votre désaccord. Et ce droit pourrait bien devenir l’un des leviers les plus efficaces pour limiter les dérives liées à l’intelligence artificielle dans les années à venir.
Le mois de mai pourrait bien devenir un moment charnière dans l’histoire du numérique. Face à des géants comme Meta, la vigilance reste votre meilleure défense !